« Ce que voient les yeux n'est pas le remède ;
Lorsque la distillation aura transformé le végétal, alors le remède deviendra manifeste. »
Paracelse.
Revenons à l'origine de l'aromathérapie et de la phytothérapie
Niveau : facile
Lecture : 5 min
UN PEU D'HISTOIRE
Médecin, philosophe et alchimiste* Suisse, Philippus Theophrastus Bombastus von Hohenheim , a marqué la Renaissance sous le surnom de Paracelse, en hommage à son admiration pour le polygraphe Aulus Cornelius Celsus, acteur majeur dans la rédaction des premiers ouvrages relatant les connaissances médicales acquises depuis l’origine antique de la médecine avec Hippocrate.
L’utilisation des plantes, autant dans l’alimentation qu’en médecine ou en cosmétologie et parfumerie ne datent pas d’hier ! Année après année nous levons le voile sur l’utilisation ancestrale des plantes chez de nombreuses civilisations : Égypte, Moyen-Orient, Inde, Chine furent le berceau de ces essais, qui au fil du temps ont été étayés de recherches scientifiques pour faire naître l'aromathérapie, et la Phytothérapie.
Le papyrus Égyptien Ebers, un des premiers traités médicaux, relatant plus de 85 plantes médicinales, et présentant les recettes cosmétiques utilisées au temps des rois et reines d’Egypte (1500 av. J-C).
Source : Archives du National Library of Medicine (URL : https://www.nlm.nih.gov/ archive/20120918/hmd/breath/breath_exhibit/MindBodySpirit/IIBa18.html)
L'AROMATHÉRAPIE
L’Aromathérapie, ce terme vous dit forcément quelque chose, d’autant plus qu’il revient sur le devant de la scène ces dernières années ! Pourtant sa définition est encore mal déterminée : ce terme couvre un large domaine, c’est peut-être une science naturelle reconnue désormais, qu’en est-il réellement ? Dans un premier temps, une définition minimaliste de l’Aromathérapie consiste à le définir comme la seule combinaison de « Aroma », qui signifie arôme, fragrance, et qui fait appelle aux sens, et « thérapie », qui rejoint le traitement, le soin des personnes. Cette définition restreint donc l’aromathérapie à une méthode de soin utilisant le caractère volatil des plantes. Heureusement, R.M.Gattefossé, chimiste et cosmétologue français, ne se limita pas au seul caractère volatil des arômes, et proposa une définition plus complète des bienfaits des arômes : désormais, l’arôme est définit comme une essence ayant de bonnes propriétés antiseptiques et la capacité de pénétrer la peau, en plus de son caractère volatil. Plus tard, G.Buchbauer propose enfin une définition universelle de l’Aromathérapie, qui sera étayée par la médecine holistique* :
L’Aromathérapie, c’est l’utilisation thérapeutique de fragrances ou substances volatils (tels que les extraits aromatiques de plantes, les huiles essentielles) pour prévenir, soulager ou soigner l’âme, l’esprit et/ou le corps du patient par des méthodes d’inhalation ou d’application cutanée.
Source : Photo de Vero Photoart
LA PHYTOTHÉRAPIE
De la même façon que l’Aromathérapie, la Phytothérapie est composé de l’association de « Phyto », qui réfère aux plantes, et de « Thérapie », soigner. Ici, la définition est déjà moins restreinte que celle de l’Aromathérapie, car cette seule origine éthymologique nous amène à la définition simple de la Phytothérapie : Soigner ou se soigner par les plantes. On ne s’intéresse donc plus aux substances aromatiques et volatiles de l’aromathérapie, mais plutôt aux extraits de plantes et principes actifs naturels issus de celles-ci. On peut donc étoffer cette définition sur le même modèle que pour l’Aromathérapie :
La Phytothérapie, c’est l’utilisation thérapeutique de plantes (tels que les extraits de plantes, les principes actifs naturels) pour prévenir, soulager ou soigner l’âme, l’esprit et/ou le corps du patient par des méthodes de consommation (par exemple les infusions) ou d’application cutanée (sous différentes formes telles que les cataplasmes).
Source : Photo de Katherine Hanlon
Attention cependant à ne pas confondre Phytothérapie et Phytopharmacologie ! D’un côté la phytothérapie est une méthode de soin (se soigner par les plantes), de l’autre la Phytopharmacologie correspond à l’outil de soin (formuler les produits phytothérapeutiques), c’est la science de la fabrication de produits de soins issus de plantes, tels que les sirops, les pastilles, ou encore les gélules.
UN TRAITEMENT QUI CIBLE LE BIEN-ÊTRE
Ces définitions, fortement corrélée à la prise en compte du bien-être des individus, ont longtemps amenés l’aromathérapie et la phytothérapie à être écartée des autres sciences médicales. Heureusement pour nous, aujourd’hui de nombreuses recherches scientifiques viennent démontrer les réels effets et mode d’action des extraits de plantes et des huiles essentielles.
Source : Photo de Ricky Kharawala
Par exemple, plusieurs recherches, dont celle de E.A.Carlini (2003), ont démontré l’activité de plusieurs herbes médicinales sur le système nerveux central. Ainsi, certaines huiles essentielles peuvent être myorelaxantes*, influencer des états comme l’anxiété, la dépression, ou les addictions, et soulager les maux comme le mal de tête ou l’épilepsie. Souvent, l’aromathérapie ou la phytothérapie influence des états chroniques où la médecine conventionnelle ne semble pas suffisante ou mal adaptée, selon les états et leur chronicité, les individus et leur tolérance. Souvent oui mais pas seulement, puisque nos grands-mères déjà développaient baumes et onguents pour traiter les petits maux de la vie, et étaient riches d’astuces pour la fabrication de cosmétiques, parfums, ou encore produits pour la maison, astuces que nous essayerons au mieux de vous transmettre !
Lexique :
* Alchimiste :
Praticien de l’alchimie, art de purifier l’impur en imitant et en accélérant les opérations de la nature afin de parfaire la matière.
* Médecine holistique :
Contrairement à la médecine traditionnelle qui se concentre sur la maladie, la médecine holistique prend en compte la globalité de l’organisme. De ce fait, le diagnostic et le traitement de la maladie ne sont pas abordés de la même façon, et la place de la prévention est primordial dans la médecine holistique.
* Myorelaxant :
Qui induit une relaxation, une décontraction musculaire.
Bibliographie :
A.Mollard-Desfour. Le langage des fards en Égypte antique. Laboratoire Lexiques, Dictionnaires, Informatique (LDI), CNRS. 2009.
Association Santorun. La médecine traditionnelle à travers les âges. Science et Tradition. 2005.
E.A.Carlini, E.Rodrigues, F.Rieli Mendes. Treatment of drug dependence with Brazilian herbal medicines. Revista Brasileira de Farmacognosia. 2006. Vol. 16, p.690-695.
E.A.Carlini. Plants and the central nervous system. Pharmacology, Biochemistry and Behaviour. 2003. Vol. 75, p.501-512.
G.Buchbauer, L.Jirovetz. Aromatherapy – Use of Fragrances and Essential Oils as Medicaments. Flavour and Fragrance Journal. 1994. Vol. 9, p.217-222.
J.Blanc-Mouchet. Odeurs : L’Essence d’un sens. Paris : Autrement. 1987.
L.M.Lopes Campêlo, S.de Lima, C.Mendes Feitosa. Evaluation of central nervous system effects of Citrus limon essential oil in Mice. Revista Brasileira de Farmacognosia. 2011. Vol 21, N°4, p.668-673.
Maurice Bariéty et Charles Coury. Histoire de la Médecine. Fayard Editeur. 1963.